Sujet: fill me with your poison ▲ RANDOLF. Mer 18 Avr - 11:43
Randolf & Foe.
Ce matin là, tes prunelles s’ouvrent difficilement sur la lumière verdâtre du jour ; tu clignes plusieurs fois tes paupières lourdes de sommeil sans parvenir pour autant à t’extirper toute entière de ton mauvais rêve. Encore. Ton esprit embué ne cesse de repasser en boucle ces images qui t’obsèdent, te terrorisent dès lors que tu oses clore tes opales ; tu revois toujours cette essence écarlate qui coule, tiède et humide, le long de tes doigts blêmes tandis que tu t’accroches désespérément aux siens, glacés par la mort qui s’empare doucement de lui, tes pleurs striant tes joues roses alors que tu supplies vainement le ciel de ne pas te l’ôter. Il était tout ce que tu avais de plus précieux dans ce bas monde et, sans sa présence réconfortante, sans ses mots susurrés tout bas, de sa voix grave et suave que tu chérissais tant contre ton oreille, faisant monter en toi une salve de frisson que tu ne contrôlais point, sans sa chaleur que tu percevais, qu’il soit là ou absent, tu te sens nue et terriblement faible. Tu aimerais être capable d’oublier – toutefois tu as peur de devoir, dans un même temps, tirer un trait sur toute ton existence qui se résumait en la sienne. C’est alors que, secouée de sanglots qui te mordent la poitrine et la gorge, tu écartes les draps avec rage et te sors de ta couche, attrapant rapidement une veste que tu jettes sur ta tunique de nuit ; tu t’engouffres ainsi en courant à l’extérieur, claquant la porte de ta maisonnette derrière toi.
Alors que tu t’introduis à l’extérieur comme une furie, l’air exceptionnellement frais te transperce d’abord les poumons – tu supposes que l’aurore vient tout juste de pointer lorsque tu jauges rapidement les rayons faiblards de l’astre solaire qui caresse paresseusement l’horizon, le teintant de couleur pâlottes et givrées. Pourtant, tu ne t’extasies pas devant ce spectacle de nature, comme tu l’aurais fait autrefois avec Jonah ; tu te rappelles que, lorsque vous n’étiez tous deux pas plus hauts que trois pommes, vous vous leviez dès l’aube pour avoir cette joie enfantine de pouvoir observer la montée du soleil dans l’azur encore profonde – aujourd’hui, c’est différent. Tu refuses farouchement de t’adonner à de telles pratiques si ton frère demeure absent – cet instant était privilégier et faisait désormais parti des souvenirs que tu peinais à effacer de ta mémoire ; ils resteraient gravés à jamais, tu le savais pertinemment, aussi douloureux soient-ils. Ainsi, tu baisses maladroitement ton visage vers le sol poussiéreux et fonces au travers l’artère principale endormie et muette – tu n’as nullement besoin d’observer où tu marches, connaissant ton chemin par cœur. Derrière une murette, tu bifurques vivement à gauche – enfin, tu oses redresser tes épaules et risquer un regard vers l’orée du bois qui se dresse dignement devant toi. Quelques secondes, tu t’arrêtes devant le mur verdoyant, fermant tes paupières cernées de mauve et donnant ainsi ton visage en offrande à la grande nature dans laquelle tu allais bientôt pénétrer. Cette minute silencieuse calme ton pouls qui s’était agité furieusement dans ta poitrine lorsque tu avais embrassé l’horizon de ton regard perçant et que les souvenirs avaient afflués en masse dans ton esprit – ton palpitant s’était alors affolé grandement, écourtant ta respiration en saccades douloureuses qui incendiait tes poumons à chaque inspiration. Tu constates alors une nouvelle fois que vivre t’es devenu insupportable ; ton simple souffle est une souffrance incandescente, la moindre de tes pensées un supplice d’autodestruction – tu te mènes à ta propre perdre en ne faisant plus que survivre.
Une fois que tu sens ton âme et ton corps quelque peu reposés, tu rouvres tes paupières et t’engouffre dans le sous-bois accueillant ; ce lieu qui autrefois était source de toutes tes peurs est devenu ton sanctuaire. Tu t’y sens désormais en sécurité, comme si les divinités gardant les terres posaient un œil bienveillant sur ta personne ; une fois sous le couvert de feuillage, tout poids disparait de tes épaules et tu te sens d’une légèreté enivrante. Tu inspires fortement – une douce odeur de mousse et de fougère emplit tes narines, tu ne peux t’empêcher de sourire. Mais il n’est pas temps au batifolage, alors tu te penches ramasser quelques feuilles vertes, les ramène en un bouquet que tu attaches solidement à l’aide d’un long brin d’herbe et reprends ta route. Pas une seule fois tu hésites ou regardes derrière ton épaule ; tu es sûre de toi, sûre de l’endroit où tu vas. C’était comme si sa voix t’appelait, plus loin dans la forêt – tu te laissais guider par cette sensation de bien-être qui t’inondait toute entière lorsqu’enfin, l’euphorie d’atteindre ton but coulait dans ton sang et battait furieusement contre ta tempe. A mesure que tu retrouves ta clairière, ton sourire s’agrandit, balafrant ton doux visage, et tu ne peux le contrôler – tes opales émeraude se posent enfin sur la pierre gravée et tu lèches du regard la gravure que tu as toi-même faite au couteau. Immédiatement les larmes affluent au coin de tes yeux, perlant sur tes joues diaphanes. Tu te laisses alors tomber sur l’herbe tendre, à quelques centimètres de la tombe et caresses la roche du bout des doigts, craintive. De longues minutes s’étirent dans l’air figé et tes lèvres restent désespérément muettes ; tu attrapes ton bouquet de fougères tressées, tombé à ton côté, et le déposes avec tendresse à la place de l’ancien que tu envois voler plus loin – il est fané. « Jonah… » murmures-tu, dans l’espoir illusoire que peut-être il t’écoute. Ton rire, dans un souffle à demi étouffé, tinte quelque instant dans la clairière isolée ; les oiseaux reprennent en cœur la mélodie de ta voix alors que tu verses de nouvelles larmes, épuisée. « J’ai encore rêvé de toi Jonah, cette nuit… » Ton sanglot couvre tes mots tant tu es émue et agacée d’être si faible à la fois ; rageusement, tu essuies tes pleurs qui sèchent déjà sur ton visage et frottes tes prunelles rougies de tristesse. Cette fois-ci, tu n’espères pas de réponse ; tu le lèves rapidement, fouettes ton vêtement pour en faire tomber la poussière et t’esquives de la clairière sans plus jeter un regard en arrière. Tu avais besoin d’aide ce matin, plus que tout autre jour ; tu aurais voulu que Jonah te réponde, qu’il se manifeste – rien. Tu n’avais pas même senti cette pression que tu percevais d’ordinaire sur tes doigts. Amère déception – suivie d’une colère sourde que tu sens gonfler en ton sein. Tu te mets à courir ; peut-être cela t’aidera-t-il à étouffer cette bouffer de rancœur qui s’accroche douloureusement à tes tripes. Alors tu cours sans t’arrêter, fermant parfois les yeux pour t’amuser à te faire peur – tu ne regardes pas dans quelle direction tu te diriges. Peu importe, tu t’en moques ; tu veux simplement mettre le plus de distance possible entre toi et la tombe qui est restée muette aujourd’hui. Soudainement, tu le déteste – tu lui en veux de t’avoir abandonnée de la sorte…
Contre ta tempe, ton cœur bat à tout rompre. Ta tête te tourne dangereusement, te contraignant à ralentir ton rythme de course – les arbres semblent se mouvoir, taquins devant tes yeux, et se dressent devant toi comme sortis de nulle part. Tu t’arrêtes au milieu des bois, tournes ton visage vers de multiples endroits ; le sentiment d’être perdue s’immisce en toi farouchement, t’oppresse la poitrine. Tu t’es trop éloignée et ce sentier te parait inconnu. Tu tentes de revenir sur tes pas ; en vain, tu as oublié ton parcours. Prise d’une panique sourde, tu te laisses glisser le long d’une souche humide et mousseuse et serres ta tête entre tes genoux – lèvres légèrement ouvertes, tu laisses un air chargé d’humidité s’engouffrer dans tes poumons rétractés par grandes goulées ; respirer t’es difficile. Mais tu ne veux pas t’arrêter une seconde de plus, alors tu te redresses, nauséeuse et reprends ta route dans le sens opposé, te semble-t-il. Tu marches en observant chaque recoin, angoissée. Tes yeux se posent faiblement sur les détails qui t’entourent, essayant de repérer quelque chose qui te pourrait te paraître familier. Tu marches sans relâche – le soleil est haut et frappe ta nuque lorsqu’enfin tu perçois un tronc familier. Epuisée, tu t’y arrêtes un instant ; ta réaction était démesurée, tu t’en rends compte. Toutefois le manque avait creusé un vide en ton sein, déclenchant ta folie désespérée. Tu fermes tes opales verdâtres sur la lueur des bois, reposant chacun de tes muscles fatigués. C’est ainsi que tu sombres dans une bulle étanche qui t’isole quelques secondes – tu n’entends pas le bruissement des feuilles qui claquent près de ton oreille. Lorsque tu les rouvres, le silence te perturbe et tu observes autour de toi ; plus loin sur le sentier, tu distingues une ombre et le tintement du verre. Haussant un sourcil, tu te relèves et suis l’inconnu. Une masse blonde, des épaules courbées, une démarche claudicante – tu plisses les yeux en reconnaissant le garçon qui se traîne. En quelques enjambées, tu le rejoins, l’attrapes par le bras en le tirant vers toi – un sourire se fige malgré toi sur ton visage. Avec douceur tu caresses son profil du regard et chuchotes faiblement. « Randolf… que fais-tu là seul ? » Simplement. Il n’y a rien de plus à dire avec lui ; vous préférez tous deux la quiétude du silence. D’un coup d’œil, tu avises la bouteille qui pend entre ses doigts, à demi-pleine – il n’est pas encore soule, mais cela ne saurait tarder…
Spoiler:
désolé pour ce début moisi &. confus je me rattraperai. (à)
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Sujet: Re: fill me with your poison ▲ RANDOLF. Jeu 19 Avr - 14:25
Elle me souriait doucement, caressait mon visage à fin que je puisse trouver le repos, un sommeil que je ne connaissais plus depuis bien longtemps. Elle sentait tellement bon, un parfum délicat de rose avec une pointe de jasmin. Elle semblait triste et mon cœur se déchirait doucement, comme une triste douleur qui m’apprenait la fin de mon rêve. Je tendis la main, celle d’un petit garçon qui tentait d’attraper de l’air, je le savais, je le sentais, elle n’était pas réelle. « Maman? » Murmurais-je alors que sa peau devenait de plus en plus blanche, ses trais de plus en plus fatigués. Bientôt, je me retrouvais dans un cimetière, le visage fermé, le cœur déchiqueté entouré de personnes que je ne voulais pas voir. Il pleuvait, je ne bougeais pas je me contentais de regarder droit devant moi, alors que la terre se mettait à recouvrir le corps de l’être tellement chéri. Un éclaire déchira le ciel et je me retrouvais en sueur dans mon lit, hurlant le nom de ma mère, cherchant désespérément à retrouver son visage parmi les vivants. Non, elle était morte, plus jamais je ne sentirais son doux parfum, ses douces caresses. Aucune femme ne pourrait jamais me donner ce qu’elle m’avait offert, personne ne pourrait entrer dans mon cœur comme elle y était elle-même ancrée. Instinctivement, j’attrape une bouteille d’alcool sur ma table de nuit et bu plusieurs grosses gorgées, essayant d’oublier cette sensation de rejet et de solitude. J’étais seul, mon frère dormait dans une des chambres, mais il ne m’avait pas entendu ou alors faisait semblant d’être sourd. Qu’importe, je n’avais pas besoin de lui, je n’avais besoin de personne pour me regarder sombrer dans le néant de l’alcoolisme. Mettant les pieds sur le sol, j’entrepris de m’habiller pour prendre l’air et également, boire en paix sous le ciel qui m’attendait. Il n’était pas rare que je passe des nuits et des journées dehors, parfois totalement inconscient, au point que Laurence vienne me rechercher pour me porter dans mon lit.
Attrapant un tee-shirt noire et un jeans, j’enfilais rapidement mes chaussures tout en prenant soin de boire quelques gorgées d’alcool pour me donner du courage. Je sortis de ma chambre en silence, alors que j’atteignais la porte d’entrée, une voie grave s’éleva dans les airs. « Ou vas-tu? » Mon frère venait de se lever, en boxer, il me regardait gravement et tristement, surtout quand il aperçu ma bouteille du coin de l’œil. Il savait ou j’allais, mais une fois encore, il tentait de faire le surpris. « Je vais boire, cela ne se voit pas! » Ma voie était froide et arrogante, mon regard provocateur en disait long sur mon humeur du moment. Laurence se frotta doucement le front, comme l’aurait fait un père prêt à gronder son fils unique. « Cela ne t’aidera pas à l’oublier, l’alcool ne résoudra pas tes soucis. » Il avait raison, je le savais, mais je ne voulais pas l’écouter. J’aurais aimé lui dire qu’il avait raison, que je n’allais plus boire, que je voulais qu’il soit fière de moi…Mais je ne réussis cas lâcher un « Cela aide un peux au moins. » Et sans autres paroles ni regards pour lui, j’ouvris la porte et sortis de chez nous en claquant celle-ci. Je me mis alors à arpenter le district en solitaire, perdu dans mes pensées, buvant quelques fois une gorgée ou deux de ce liquide que j’affectionnais tout particulièrement. Bien vite, je fus à la limite du district, mon endroit favori pour boire en paix et sans que personne ne vienne m’ennuyer…Enfin, ses derniers temps je me faisais souvent prendre. La démarche lente et pas très sur, je n’entendis pas une personne approcher de moi, sauf quand celle-ci me tira vers elle. Si je ne l’avais pas reconnue, elle se serait sûrement prise mon poing dans la figure. Heureusement, je n’étais pas encore soul au point de ne pas reconnaître Foe, ce qui d’ailleurs laissa apparaître un demi sourire sur mon visage.
« Randofl…Que fais-tu là seul? » J’observe la jeune fille calmement, le regard quelque peut vague mais toujours conscient. Entre elle et moi c’était plus que compliqué, mais je n’étais déjà pas fort net à la base, alors cela ne me changeais pas. Une fois nous étions extrêmement proche, nous nous comprenions, parlions, pleurions ensemble et la seconde d’après on se tapait pratiquement dessus. Mais cela ne s’arrêtait pas à ça, non, il nous arrivais d’aller bien plus loin, laissant le plaisir charnel prendre le dessus sur nos violentes attitudes. Posant ma main libre sur sa hanche, je secoue légèrement a bouteille un air taquin sur le visage et dit simplement. « J’essaye d’oublier, tu m’aides? » Foe et moi-même étions tellement semblable et si différent en-même temps, mais cela ne faisait que nous rapprocher. Malgré le fait qu’elle était une fille, elle n’était pas comme les autres. Avec elle, je n’avais pas besoin de me cacher ou encore d’être un autre, elle savait qui j’étais et elle s’en contentait. Beaucoup d’autres auraient aimés que je sois simplement à elles, que je me destine à une seule et unique femme, ce que j’étais totalement incapable de faire. Une fois que je m’attachais à une fille, je m’en éloignais directement, brisant ainsi le lien qui aurait pu se construire. Je me bousillais tout seul et le pire, c’est que j’adorais ça. Buvant une seconde gorgée de ce liquide qui brûlait ma gorge, je lâche la jeune femme et vais m’assoir contre un arbre, tapotant le sol pour qu’elle vienne me rejoindre. « Et toi tu fais quoi toute seule ici…tu pourrais rencontrer des prédateurs humains, comme moi… » J’étais peut-être le pire dans ce district, j’accumulais filles sur filles et ne m’en cachais pas, mais je ne m’en ventais pas non plus. J’étais le genre de garçon qui ne criait pas sur tout les toits les prénoms des filles avec qui il couchait, je faisais juste ça pour oublier.
Oublier…encore et encore ce mot qui pourtant n’avait pas de sens. J’avais l’illusion quelque fois de ne plus me souvenir de son visage, malheureusement, cela ne durait que quelques heures ou encore quelques minutes, cela dépendait du tau d’alcool que j’avais dans le sang. Je me mis à observer les alentours, nous étions seuls, seul quelques petits oiseaux semblaient venir ici et là, quelques animaux aussi. Nous ne craignions rien, quoi que, avec les Hunger Games qui allaient recommencer, nous étions tous en danger. Personnellement, je n’avais pas peur de ses jeux, cela aurait pu être une délivrance pour moi si je n’avais pas été un alcoolique endurci depuis mes quinze ans. Etre dans cette arène me sauverait ou me tuerait, une des deux solutions. J’aurais préféré la deuxième…