Thybalt sortit de la poissonnerie. C’était la seule di district un, et le jeune homme était quasiment le seul pêcheur du district quatre qui prenait la peine de se rendre jusqu’ici pour y vendre ses prises. Que ce soit mollusques, crustacés ou encore des poissons, le vendeur prenait le tout, et Thybalt pouvait retourner chez lui avec un petit montant d’argent assez raisonnable. Le temps de nourrir son père et sa sœur pendant trois semaines au maximum. C’était plaisant, il avait un temps de repos de trois semaines, et ne se sentait pas obliger de ramener de quoi manger chez lui. Avant, ils ne vivaient pas comme ça. Son père travaillait, sa mère travaillait, et lui travaillait aussi. Ensemble, ils réussissaient à vivre parfaitement bien, mais son paternel avait quitté son travail après la mort de la mère de Thybalt, et ce dernier se retrouvait seul pour nourrir sa famille. La richesse des Kennedy avait brutalement baissée. Il sifflota un air assez joyeux, dans les circonstances dans lesquels Panem se trouvait, en jetant son sac d’argent dans les airs, et en le rattrapant de l’autre main. La venue imminente de la moisson décourageait tout le monde, même les tributs de carrière du district un, mais le beau blond trouvait le moyen de siffloter un air joyeux.

Il s’apprêtait à quitter la place publique, lorsqu’il entendit des pleurs, à quelques mètres de lui. Intrigué, il tourna la tête à gauche, à droite, avant de regarder derrière lui pour voir une petite fillette, pleurer au centre de la foule. Elle devait avoir une dizaine d’années, peut-être plus. Les gens passaient devant elle, et ne lui portait pas attention. Une bouffée de rage l’envahit pendant un quart de seconde. Comment pouvait-on se foutre d’une fillette, qui était apparemment perdue au milieu d’un district qui lui était sans doute inconnu? Thybalt fit demi-tour, et rangea sa bourse dans la poche arrière de son pantalon avant de s’approcher de la fille. Elle ne l’avait pas encore remarqué, alors il déposa doucement une main sur son épaule, et s’accroupit à sa hauteur, dans l’espoir de la rassurer, mais contre toute attente, la petite prit peur, et se dégagea de la main sur son épaule, pour prendre la fuite. Incrédule et surpris, Thybalt se redressa. –Eh, attends! Il se mit alors à suivre la fillette, qui courait toujours. Elle était rapide la petite. Puis, il se rendit compte que lui courir après ne faisait que l’effrayer d’avantage. Il attendit donc qu’elle se cache derrière une étagère de vêtements de luxe pour revenir à sa rencontre. Il ne pouvait tout de même pas la laisser au milieu de cette foule. D’un pas plus lent cette fois, il s’approcha d’elle, en s’asseyant à quelques mètres d’elle, évitant ainsi de rentrer dans son espace, comme il l’avait fait tout à l’heure avec sa main sur son épaule. –Tu t’es perdue? Elle ne répondit rien. -Je ne suis pas méchant tu sais?

-Milan il me dit que je ne dois pas parler aux inconnus et moi je ne te connais pas. Thybalt haussa les sourcils. Il fallait dire que cette petite était assez intelligente pour son âge. N’importe quel autre enfant aurait catégoriquement accepté l’aide du jeune homme, mais pas elle. Cette fillette était méfiante, distante et restait constamment sur ses gardes. Elle n’était pas facile d’approche, un peu comme lui. Sans la connaître, Thybalt se mit à l’apprécier. Il devait la mettre en confiance, lui prouver qu’il n’était pas méchant, comme elle semblait le croire. Alors que lui, ne voulait que l’aider à trouver ses parents. –Moi aussi on m’a dit de ne pas parler aux inconnus, et pourtant je suis en train de discuter avec toi. C’était assez pathétique comme réponse, et il lui aurait été plus simple de l’obliger à sortir de sa cachette et de la traîner de force jusqu’à ses parents, mais le blond avait opté pour une tentative, et après tout, qui était-il pour traîner une fillette d’une dizaine d’année contre son gré? Non, ce n’était pas son genre. –Ce Milan, c’est ton père? Il ne faisait que supposer, bien qu’il trouvait assez étrange le fait d’appeler son paternel par son prénom. –Et pourquoi tu n’es pas méchant hein? Thybalt écarquilla légèrement les yeux, pris au dépourvu. Elle avait vraiment de la répartie cette petite. Le jeune homme balbutia quelques mots incompréhensibles, avant de pouvoir formuler une phrase qui avait du bon sens. Il se sentait stupide. Le pêcher secoua la tête et fronça légèrement les sourcils. Il était plus âgé, plus mature, alors pourquoi se sentait-il aussi démuni devant une question posée par une fillette de dix ans, peut-être plus. –Eh bien si j’étais méchant, tu ne crois pas que je serai déjà en train de te faire du mal? C’était vrai après tout, quel ‘’méchant’’ prendrait la peine de s’asseoir dans le recoin d’une place publique pour discuter avec sa victime?

Thybalt aurait bien aimé lui fournir une preuve de sa gentillesse, mais en vain. Il n’avait aucune arme sur lui, et donner un petit quelque chose à manger à la fille en signe de gentillesse ne ferait qu’accentuer sa méfiance envers lui. Le blond continua alors de jouer la carte de la gentillesse. –Et je suppose que tu as un prénom? Moi, je suis Thybalt. La rendre à l’aise n’était pas du tout un jeu d’enfant. Mais le fait d’être aussi méfiante pourrait bien lui sauver la vie un de ces jours, après tout, quelqu’un d’autre aurait pu tomber sur elle, quelqu’un qui n’avait peut-être pas les mêmes intentions que Thybalt. Il posa alors son coude sur son genou, appuyant son poing contre sa joue, d’un air las, ou alors il tentait d’avoir l’air las. Il poussa un gros soupir exagéré et posa son regard bleu saisissant sur la petite. –Alors on va rester cacher derrière ces tissus pendant encore longtemps? Il fit une courte pause, et continua. –C’est ton choix tu sais? On peut continuer à discuter, si tu veux. Ou alors, je peux t’aider à trouver ton ami Milan? Le jeune homme lui fit un joli sourire, et se releva lentement, en tendant une main vers la petite. –Tu viens?