Elle me jeta un dernier regard acerbe ; je me détournai. Je n’y étais pour rien, mais elle refusait de me croire. Comme toujours. Je ne sais même pas pourquoi je m’étonnais, je devrais avoir l’habitude depuis le temps. Mais rien à faire ; c’était toujours la même chose : j’espérais et puis tombais de haut. Je me dirigeai vers la porte d’entrée, que je claquai en sortant de la maison. J’avais besoin d’air – comme à chaque fois que je me confrontais avec ma mère.

Je frissonnai. J’aurais dû emporter ma cape, mais dans la précipitation de mon départ, je n’y avais guère pensé. Il neigeait dehors. Des légers flocons tombaient sur le sol, sur mes vêtements, sur mes longs cheveux blonds. Je frottai mes deux mains l’une contre l’autre, pour me réchauffer, mais ce geste était inutile. J’étais malheureusement bien trop fière pour rentrer à nouveau dans la maison. Je décidai alors de marcher. Je n’avais pas de destination précise mais je savais que mes pas m’emmèneraient à l’endroit précis où je devais me trouver. Par chance, je ne rencontrai aucun Pacificateurs – je ne sortais pas exactement aux heures autorisées. Je n’avais pas eu tort : je me retrouvai exactement face à sa maison. Je ne bougeais pas, et attendais. Je savais que je n’avais pas besoin de frapper à sa porte, il me verrait, il ressentirait ma présence. En effet, quelques secondes plus tard, il sortit de la maison, un gilet en laine à la main. Sans un mot, je fonçai vers lui et me jetai dans ses bras. Pas besoin de parler. Il me comprendrait, comme il me comprenait toujours. Milan. Je levai les yeux vers lui, déposai un léger baiser sur ses lèvres avant qu’il ne me recouvre du gilet. Il me prit par la main et m’emmena à l’intérieur de sa maison. Je soupirai d’aise ; quand j’étais avec lui, la misère qui nous entourait me semblait étrangère.

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Ma vie n’a rien d’exceptionnel – du moins, rien qui ne mérite d’être raconté. J’ai toujours vécu au sein du District 9 et malgré mes réticences, il semble que je continuerais à y vivre jusqu’à ma mort. Il arrive que l’on ne soit pas toujours maître de son destin ; il était certain qu’au sein de Panem, personne ne l’était. Je rêvais parfois d’avoir connu la vie avant la naissance du Capitole, mais tout cela était bien lointain (même ma grand-mère ne l’avait pas connu, c’est vous dire.) Certes, nous ne sommes pas les plus malheureux, mais nous ne serons jamais les plus heureux non plus.

Mes relations avec les membres de ma famille n’ont jamais été des plus faciles. J’ai toujours eu le sentiment de ne pas leur appartenir ; je semblais tellement différente que je n’arrivais même pas à croire que nous pouvions être du même sang. Ma mère était désagréable ; je me souviens à peine des rares fois où je l’ai vu sourire. Mon père est souvent absent. C’est assez paradoxal ; il ne peut pas partir loin, du moins pas plus loin que les frontières de notre district, pourtant il n’est pas rare qu’il s’absente plusieurs jours d’affilés, soi disant pour le travail. J’ai cessé d’écouter ses excuses depuis très longtemps mais ma mère semble encore le croire ; ou alors, ne cherche plus à le retenir. J’ai la chance d’être enfant unique – je n’aurais, en effet, souhaité à personne de vivre cette vie là. Les repas en famille sont toujours une horreur. Ma grand-mère, que nous hébergeons depuis la mort de mon grand-père, passe son temps à tout critiquer. Surtout moi. Elle me déteste. A vrai dire, je ne suis pas le genre de fille que la famille désirait. J’ai tendance à m’éloigner un peu trop dans la maison, pour passer du temps à l’extérieur. Je préfère largement être seule qu’accompagnée, surtout par des gens à qui je n’ai rien à dire.

Le seul refuge que j’avais pu trouver, au cours de ma vie, était Milan. J’avais le sentiment que lui seul me comprenait. Au fil des années, nous avions appris à ne faire plus qu’un. Et nous nous étions jurés que nous finirions notre vie ensemble. Nous passions souvent des moments avec sa petite sœur, et je dois l’avouer que je l’aime presque comme si elle était de ma propre famille. Pour elle, Milan et moi ferions tout. La protéger contre la misère et l’horreur de notre district est notre devoir.

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« Natalee, dépêche-toi ! Enfile la robe que j’ai posée sur ton lit. »

Je soupire grossièrement, afin de lui faire part de mon désagrément. Elle hausse les épaules, se fichant bien de mon avis. De toute façon, nous n’avons pas le choix. Je le sais bien, mais cela ne me fait pas forcément plaisir. Se faire belle pour le Capitole est loin d’être dans ma liste de priorités. Sans jeter un dernier regard vers ma mère, je monte les escaliers deux à deux avant d’atteindre ma chambre. Je lève les yeux au ciel en apercevant ma robe. Ce rose et tous ces froufrous ne me ressemblent absolument pas. Je me déshabille, laissent au sol mon short noir et mon débardeur gris. J’enfile la robe, et relève mes cheveux. Je ne cherche pas à faire une coiffure élaborée ; je n’en ai ni le temps ni l’envie. Je descends rejoindre ma famille, qui m’attend patiemment sur le pas de la porte. Mon père est présent. Il me regarde à peine lorsque je passe devant lui. Je suis invisible, et cela ne me dérange pas. Nous marchons lentement jusqu’à la place du district. Le capitole nous a demandé de nous réunir ; personne ne sait pourquoi. Certainement pour une mise en garde de plus. Ou pour le rappel de ce qui s’est passé des années plus tôt ; la révolte, les jeux de la faim… Le cinéma habituel.

Comme à chaque fois, nous nous plaçons en ligne, par famille. Je regarde autour de moi. Je l’aperçois. Milan. Je lui envoie un baiser, qu’il me retourne avec un large sourire. Je sens ma grand-mère me pincer. Je me dégage et lui jette un regard noir. Elle n’a jamais apprécié Milan, et ne comprend pas ce que je lui trouve. Peu importe ; son avis n’a aucun intérêt à mes yeux. Un « chut » retentit dans la foule. Je lève les yeux. Un pacificateur se trouve sur l’estrade installée devant nous. Derrière lui, un écran géant. L’homme se recule, et une vidéo commence. Rien d’inhabituel, au départ. Puis, une annonce. Celle que je craignais. Celle que nous craignions tous. J’entends mon père pousser un juron. Ma mère se tourne vers moi, et me murmure « Une chance que tu aies déjà dix-neuf ans. » J’hausse les épaules. Il est étrange qu’elle s’intéresse à moi, mais cela ne me préoccupe pas. Certes, j’ai dix-neuf ans, mais Milan a un an de moins que moi. Il risque d’être choisi. Et Alannis. Je me mords la lèvre ; je n’ose même pas y penser. Des larmes coulent sur mes joues sans que je puisse les arrêter. Ma mère me tire en arrière. « Rentrons. » Je porte peu d’attention à l’agitation autour de moi. J’essuie rapidement les larmes de mon visage ; je jette un dernier regard vers Milan, sans que celui-ci ne m’aperçoive. Je savais ce qu’il fallait que je fasse. Le fuir. Je suis ma famille sans un mot, la tête haute et me retient, de toutes mes forces, de courir vers Milan.

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« Natalee ! » Je ferme les yeux. Soupir. Je ne me retournerai pas. Bien sûr, j’ai reconnu sa voix. J’entends ses pas se rapprochaient de moi, j’essais de me presser mais il est plus rapide que moi. Il m’attrape le bras, me force à me retourner, à le regarder. Ses yeux me percent. Je frissonne, malgré la chaleur du soleil. La proximité de nos deux corps me rappelle de vieux souvenirs ; mais je fronce les sourcils. Je suis sensée être dérangée par sa présence. Milan pose doucement sa main sur ma joue. Dieu, qui suis-je pour le repousser ? Je ferme les yeux quelques temps, profitant de ces courtes secondes de bonheur auxquelles je vais mettre fin. Je me recule, sa main retombant mollement le long de son corps. « Natalee… » Le murmure de sa voix m’émeut. J’avais bien conscience de ce que je lui faisais subir. J’oubliais nos promesses, j’oubliais notre amour. Mais ne comprenait-il donc pas que c’était ma façon de le protéger ? Ou plutôt, de me protéger. S’il venait à être tiré au sort pour les jeux, j’en mourrai. J’avais vu assez d’images d’arènes différentes pour avoir compris que les personnes, les enfants, qui y sont envoyés, ne sont pas tendres. « Va t-en, Milan. » Ma voix est, je l’espère, assez froide pour qu’il comprenne que je n’ai aucune envie de le voir, ici, maintenant. Il faut qu’il s’en aille. J’ai besoin qu’il s’en aille. Je ne me sens pas assez forte pour le repousser éternellement, car, au fond de moi, je ne désire qu’une chose : retrouver la chaleur de son corps, le goût de ses lèvres sur les miennes, sur mon corps. Nous n’avions pas eu énormément de moments d’intimités depuis que nous étions ensemble, mais le peu qui nous avait été donné avait été extraordinaire. Nous n’attendions qu’une chose : pouvoir vivre ensemble pour goûter à ces bonheurs plus souvent. Mon amour, ma vie. Ma famille était heureuse ; j’avais enfin retrouvé la raison, j’avais enfin accepté que Milan ne puisse pas devenir mon mari. Mais moi, tous les matins, je me réveillais avec une boule au ventre. Je me demandais, sans cesse, pourquoi je l’évitais – puis la réalité me revenait de plein fouet. Je n’avais pas le choix.

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Le fuir avait sans doute été la chose la plus difficile à faire, de toute ma vie. Il avait pourtant tenté de venir me parler, de me ramener à la raison mais je l’avais toujours repoussé. Il avait fini par abandonner. Je lui en voulais, malgré moi, j’aurais souhaité qu’il continue à se battre pour moi ; mais je me rendais compte que je lui en demandais trop. Pourquoi continuerait-il à se battre alors que je ne lui donnais aucun raison de le faire ? Chaque journée passée nous rapprochait du jour de la sélection des participants. Après chacune de ces journées, je sentais la boule au creux de mon estomac grandir. Je me haïssais d’être ainsi peureuse, nerveuse. Mais je ne pouvais guère m’empêcher de penser au pire. A quoi ma vie ressemblerait, sans lui ? Bien sûr, me diez-vous, je vis actuellement sans lui, mais ce n'est pas la même chose. J'ai encore l'occasion de parfois l'apercevoir (même si dans ces rares moments, je me cache pour ne pas que lui me voie.) Si je le savais mort, je n'aurais plus aucune raison de vivre. Je hais le Capitole et leurs idées stupides et mortelles; mais qui suis-je pour me rebeller contre eux ?

Merci
Oui, j'espère que cela te convient quand même ?
J'essaie de terminer ma fiche, cet après-midi ..

Oui, c'est parfait
Je pense avoir bientôt fini, mais j'aimerais rajouter quelques petites choses.
J'espère que ça te conviendra (:

Merci beaucoup
Je pense avoir terminé

AGNES
Je suis super heureuse de te retrouver, et évidemment, heureuse de pouvoir rp à nouveau avec toi. J'ai commencé à lire ta fiche, je continuerai ce soir (je dois bosser un peu ;p) mais ce que j'ai lu est magnifique, comme toujours

Merci beaucoup, Milan, ça me fait très plaisir

Merci, Agnès

Ah génial, je suis contente, merci beaucoup Milan
Hâte de pouvoir rp avec toi

Merci Neo, et désolée!

Bien sûr, et puis je sais que tu m'aimes
On commence un rp quand tu veux