Zulenyss se leva tôt cette journée-là. Enfin, elle n'avait pas beaucoup dormi et préférait s'activer que de rester seule dans son lit à se torturer mentalement. L'adolescente n'arrêtait pas de se répéter que les chances qu'elle soit pigée étaient si minimes qu'elle n'avait aucune raison de s'inquiéter, mais au fond d'elle, une angoisse persistante s'était installée depuis l'annonce de la reprise des Jeux et elle essayait de ne pas y penser. Toutefois, l'avant-midi se déroula sans aucune bévue, comme si cette journée était tout à fait ordinaire. Alors qu'elle n'avait rien d'ordinaire.

C'était la Moisson maintenant, et après avoir passé les Pacificateurs, Zulenyss alla se regrouper avec les autres filles de son âge et attendit, alors que sa peur était au plus haut. Puis, une femme du Capitole s'avança, prit la parole, puis laissa place aux écrans géants, mais Zul n'y porta aucune attention. « Allez, respire Zul, tu ne seras même pas pigée. » Et pourtant, c'est bien son nom qui sortit de la pige du tribut féminin. En l'espace de quelques secondes, le monde de Zulenyss n'était plus le même. Elle n'arrivait plus à respirer et ne sentait plus ses jambes, mais arriva quand même à se rendre aux côtés de la femme qui représentait son district. Le garçon fut nommé, quelqu'un que Zul ne connaissait pas, et puis ce fut la fin. Fin qui s'éterniserait encore sur quelques semaines, mais, Zulenyss le savait, c'était la fin. Elle allait mourir.

Zulenyss était maintenant enfermée dans cette petite pièce et devait attendre pour faire ses adieux à ses proches. Elle ne s'attendait pas à beaucoup de visites: Zul était du genre solitaire, et, bien qu'elle s'entendait avec tout le monde, elle n'avait pas beaucoup de véritables amis. Exceptés ses parents, elle n'était pas certaine que d'autres gens allaient venir. Ça faisait bien son bonheur, l'adolescente ne savait pas quoi dire, comment réagir. Que pouvait-elle faire?

Et voilà, ses parents entraient dans la pièce, et la petite famille avait peu de temps pour leurs adieux. Ceux-là étaient bouleversés, ça se voyait: les yeux rougis et les membres tremblants, ils regardaient Zulenyss d'un air désespéré. La mère et la fille s'enlacèrent en silence, puis le même scénario se passa avec son père. Zulenyss n'avait aucune idée de quoi leur dire: faire semblant et essayer de les convaincre d'une possible chance de retour ou être honnête? La jeune blonde voulait tellement jouer le jeu, comme si elle allait revenir, mais savait bien qu'elle n'avait aucune chance. « Je ferais mon possible. », c'était le seule chose qu'elle pouvait leur dire. « Oh, Zul... » Sa mère passa sa main dans les cheveux de l'adolescente, réprimant de nouvelles larmes. Mais de toute façon, le temps s'était écoulé et un Pacificateur vint chercher ses parents, ramenant Zul au silence total lorsque la porte se ferma.

Quelques secondes après, c'est une jeune fille qui vint lui rendre visite, prenant Zul au dépourvu. L'adolescente savait qu'elle s'appellait Danahée, elle faisait partie de sa classe. C'était une jeune fille vivante, joviale, qui avait la sympathie de tout le monde...que diable faisait-elle ici? Elle tenait une petite boîte dans ses mains, et, visiblement mal à l'aise, décida de prendre la parole en avançant de quelques pas. « Je...On avait préparé un petit quelque chose, pour la tribut qui serait pigée. » Elle prit une petite pause, puis, hésitante, rajouta: « Je suis désolée que ce soit toi. » Zulenyss esquissa un mince sourire, puis prit la boîte que lui tendait Danahée et l'ouvrit. C'était un bracelet de métal décoré de faisceaux lumineux, technologie du district 3. Ses compagnons de classe l'avaient probablement créés eux-mêmes. Zulenyss savait que chaque tribut pouvait porter un objet qui lui rappelait son district dans l'arène et se doutait bien que les autres espéraient voir ce bracelet au poignet de la jeune fille durant les Jeux. « Merci, j'apprécie le geste. » Danahée sourit, puis, ayant visiblement terminé ce qu'elle était venue faire, se dirigea vers la porte. Juste avant de sortir, elle lui dit une dernière fois, une pointe d'ironie dans la voix: « Et puisse le sort t'être favorable! »